iManagement

Newletter abonnieren

powered by dodeley

Les moniteurs éleveurs

par Yves Martignony et Julien Balet 

Que font les moniteurs éleveurs ? Qu’est-ce que l’élevage ? Est-ce que c’est à ma portée ? Voilà quelques questions auxquelles nous allons tenter de répondre dans cet article.

1. Quelle Race?

On nous pose souvent la question de savoir pourquoi les moniteurs-éleveurs de Suisse romande ne travaillent qu’avec une seule race (la carnica), pourquoi pas une autre, et pourquoi pas avec plusieurs ? Dans cet article, nous allons brièvement répondre à ces questions et ainsi lever une zone d’ombre pour de nombreux apiculteurs.

Avant l’arrivée de l’apiculture moderne (ruches à cadres mobiles, env. dans les années 1800), les abeilles vivaient tranquillement leur vie dans leur région de naissance et s’adaptaient depuis des millions d’années à leur environnement local. Cette sélection naturelle permit de créer des écotypes spécifiques en fonction de l’adaptation d’une espèce à son environnement. Ce sont ces sous-espèces que nous appelons en apiculture races d’abeilles.

Les plus connues autour de nous sont :

  • l’apis mellifera mellifera (l’abeille noire, ou encore la Nigra) ;
  • l’apis mellifera linguistica (la ligustica, ou encore l’abeille italienne) ;
  • l’apis mellifera carnica (la carnica, ou encore l’abeille grise).

Ces races ont chacune développé des caractéristiques particulières. Par exemple, la ligustica fait peu de réserves pour l’hiver et passe celui-ci avec une population importante. L’abeille noire et la carnica, elles, passent l’hiver avec beaucoup de réserves et une petite population, ce qui facilite l’hivernage dans les zones froides.

L’apiculture moderne a mis au point des méthodes d’élevage et a permis à l’homme de faire comme avec l’élevage du bétail ou l’agriculture : croiser les sous-espèces afin d’en créer de nouvelles (ex : abeille africanisée). Cependant, ces croisements n’ont que rarement apporté du positif car, en diluant les caractéristiques ancrées dans les gènes des différentes races, une multitude de défaut sont apparus : agressivité, faible résistance aux maladies, faibles récoles. Et, en raison du mode de reproduction des abeilles (la reine est fécondée par une quinzaine de bourdons), ces mauvais caractères se sont rapidement répandus dans la nature. A un tel point que, dans les années cinquante, la Société romande d’apiculture (SAR) a interpellé le Conseil fédéral pour mettre sur place un groupe de travail dont l’objectif a été de lutter contre ce problème d’hybridation. Ce groupe de travail a mis en lumière que la seule solution était de revenir à une abeille de race pure. Le problème étant que l’abeille locale avait déjà été hybridée quasiment dans sa totalité, ils décidèrent donc de ne pas continuer avec cette race (cf. passé génomique de l’abeille suisse). Après, après avoir testé cinq sous-espèces dans différents ruchers, ce groupe de travail décida d’utiliser la carnica.

Depuis plus de septante ans maintenant, la commission d’élevage de la SAR, en partenariat avec les groupements de moniteurs-éleveurs des cantons romands, travaille d’arrache-pied pour maintenir la pureté de cette race, l’améliorer (en particulier au niveau de la résistance aux maladies) et la mettre à disposition de chaque apiculteur. Nous reparlerons en détail du travail réalisé par les moniteurs-éleveurs dans les prochains articles.

Pour conclure, le choix de maintenir une race pure et de travailler avec une seule race ne tombe donc pas du ciel. C’est à la suite d’une dérive de l’apiculture que nous avons dû réagir et que nous luttons depuis pour maintenir la qualité de ces abeilles. Quant à la question de pourquoi ne pas utiliser plusieurs races d’abeilles dans une région, et bien il est maintenant évident que cela poserait un grave problème d’hybridation qui nous renverrait dans la même situation catastrophique qu’au début du vingtième siècle.

2. La génétique de l'abeille

Ce mois-ci, nous allons nous intéresser à la génétique de l’abeille. Sans aller trop dans le détail, nous tenterons de résumer ses principes de base et ses implications pour la sélection. Le lecteur intéressé trouvera plus d’information en ligne.

Comme vous le savez, une colonie d’abeilles est composée d’une reine, d’ouvrières et de quelques mâles ; que l’on appelle les faux-bourdons. Leurs processus de création respectifs sont très différents.

La reine peut choisir de féconder ou non l’œuf qu’elle pond. Un œuf fécondé donnera une femelle, un œuf non fécondé, un mâle. Après 3 jours, l’œuf éclot. C’est la nourriture qui va ensuite faire d’un œuf fécondé une ouvrière ou une reine.

Une larve destinée à devenir reine est nourrie uniquement avec de la gelée royale jusqu’à l’operculation de la cellule (9ème jour depuis la ponte). Au 16ème jour, la jeune reine émerge. Après quelques jours, elle sortira de la ruche pour se faire fécondée par 10 à 25 mâles provenant d’autres colonies, assurant ainsi la diversité génétique de sa descendance.

La larve d’ouvrière est quant à elle alimentée pendant 3 jours avec de la gelée nourricière, puis avec du miel et du pollen. Durant les 3 jours où elle est alimentée par de la gelée nourricière, la larve femelle peut encore devenir une reine si les abeilles décident de lui donner de la gelée royale (par exemple si elles ont perdu leur reine dans l’intervalle et doivent dès lors en faire une nouvelle). C’est ce phénomène que l’on utilise dans l’élevage en donnant de toutes jeunes larves à des abeilles sans reine.

Les larves de faux-bourdons sont nourries de la même manière que les larves d’ouvrières. Par contre, comme indiqué précédemment, le mâle est issu d’un œuf non fécondé ce qui est une spécificité chez les abeilles. Les reines et ouvrières ont 32 chromosomes, 16 venant de la mère et 16 du père. Elles sont diploïdes comme la plupart des animaux et des plantes. Les faux-bourdons, quant à eux, n’ont que 16 chromosomes provenant uniquement de la mère. Ils sont haploïdes :  leurs chromosomes sont chacun en un seul exemplaire hérité de la mère uniquement. Par conséquent, les spermatozoïdes d’un même mâle sont tous rigoureusement identiques, ce sont des clones, contrairement aux œufs de la reine qui sont tous différents : chaque œuf est une combinaison unique des divers gènes de la reine et du père.

 

Dans une ruche, nous avons donc une reine qui a été fécondée par plusieurs mâles (en bleu, jaune, rouge et vert dans l’illustration ci-dessous). Les fils héritent uniquement du patrimoine génétique de leur mère. Les filles sont demi-sœurs ou super-sœurs. Les demi-sœurs n’ont pas le même père. Les super-sœurs ont le même père et, comme le mâle est haploïde, elles ont reçu de ce dernier exactement le même patrimoine génétique. 

 

 

insi, seule la génétique de la mère est transmise aux mâles et ces derniers la retransmettent entièrement lorsqu’ils s’accouplent à une jeune reine. Notre programme de sélection se base sur cette spécificité pour diffuser la meilleure génétique possible dans les stations de fécondation. Dans chaque station de fécondation A, les mâles sont tous les petits-fils d’une reine primée dans le programme de sélection (ruchers de testage). Cela permet d’avoir un même pool génétique dans une station de fécondation donnée, de contrôler la consanguinité et de maîtriser ainsi les croisements entre lignées dans le respect de la diversité génétique. Nous reviendrons sur ces points plus en détail dans les prochaines éditions.

3. La pureté de la race Carnica

Comme déjà expliqué dans les derniers châpitres, l’objectif premier de l’élevage SAR est la conservation de la pureté de la race Carnica choisie par le Liebefeld. Comment font les ME pour mesurer cette pureté (ou plutôt l’absence d’hybridation) ? Ce travail effectué durant des dizaines d’années est-il efficace ? Quelles sont les perspectives pour simplifier le travail des ME ? Voici le menu de notre article du jour.

Dès le début de l’élevage SAR, le seul moyen utilisé par les scientifiques pour déterminer la race d’une abeille (sous-espèce) a été les mesures morphologiques. On retrouve dans la littérature plusieurs critères : index cubital, transgression discoïdale, largeur du tomentum, longueur de la langue, coloration de l’abdomen, etc.

 

En Europe, le critère le plus répandu est l’index cubital. Il est facile à mesurer et permet de discriminer les hybridations avec la Ligustica (abeille italienne) et la Mellifera (abeille noire). L’index cubital est le rapport entre les longueurs des segments «a» et «b» de l’aile antérieure :  

 

Valeurs moyennes des index cubitaux en Suisse :

  • Carnica : 2.3 – 3.2
  • Ligustica : 2.0 – 2.7
  • Mellifera : 1.4 – 2.1

Afin d’être certain de ne pas avoir de croisement avec les deux autres races, les ME ont donc fixé le critère d’index cubital à une valeur minimale de 2.8 pour notre sélection Carnica. Rapidement, nous avons introduit un critère supplémentaire car quasiment toutes nos reines atteignaient ces critères et nous avons voulu améliorer la précision de notre sélection. C’est ainsi que le critère de longueur de la langue a été introduit.

Chaque reine qu’un ME éleveur veut utiliser pour ses élevages doit atteindre cette valeur. C’est grâce à cette limite stricte que nous avons pu maintenir la pureté de nos abeilles depuis tant d’années. Chaque année, le ME doit prélever une série d’abeilles dans la colonie qu’il veut faire analyser et envoyer cet échantillon au laboratoire. Celui-ci va mesurer l’aile et la langue d’une quinzaine d’abeilles et donner une valeur moyenne de l’index cubital et de la longueur de la langue. Si l’ensemble de ces critères atteint le niveau extrêmement élevé demandé, le ME pourra faire ses élevages sur cette reine et continuer son processus de sélection. Ce haut niveau de sélection a permis d’écarter toute hybridation durant plus de septante ans.

Depuis maintenant une dizaine d’années, nous utilisons aussi les analyses génétiques afin de vérifier si notre manière de faire est correcte et si, effectivement, il n’y a pas d’hybridation au sein de nos lignées, mais aussi pour vérifier la sécurité des stations de fécondation. Cet outil, bien que plus compliqué, nous permettra sûrement dans un avenir proche de limiter le nombre de mesures morphologiques et ainsi de simplifier le travail des ME.

Vous l’avez compris, garantir la pureté de notre cheptel est un travail de longue haleine et qui doit se répéter année après année sans quoi les caractères naturellement présents chez notre abeille Carnica seraient dilués et perdus dans des abeilles hybrides.

Back up :

Pour calculer l’index cubital, on mesure sur 100 différentes ailes antérieures droites d’ouvrières, les deux portions de nervure formant un angle obtus à la base arrière de la troisième cellule cubitale, et on établit le rapport segment a/segment b.

L’indice de transgression discoïde est mesuré au niveau des nervures de l’aile antérieure d’une ouvrière en traçant une droite reliant les 2 extrémités de la cellule radiale. Puis on trace une droite perpendiculaire à la précédente et passant par l’intersection des nervures de la cellule radiale et de la 3e cellule cubitale.

 

Si cette ligne droite passe par le point A ou à gauche (proximalement) de celui-ci, on parle de transgression discoïde négative et donc d’une A.m.mellifera. Au contraire, si cette ligne droite passe à droite (distalement) du point A, on parle de transgression discoïde positive et donc d’une A.m.carnica.  

 

La mesure de la largeur du tomentum (zone de pilosité) se fait sur le 4e tergite (segment dorsal de l’abdomen) et correspond à la largeur de la pilosité de ce segment.  

4. Les critères de sélection

Quel plaisir de pouvoir travailler avec des abeilles douces et productives. N’est-ce pas l’objectif de tout apiculteur ? Obtenir et surtout maintenir ces caractéristiques dans une population d’abeilles ne va cependant pas tout seul. C’est pour cela que tout programme d’élevage de reines doit se baser sur des évaluations solides. Dans cette rubrique de février, nous allons vous présenter les critères de sélection retenus par la commission d’élevage de la SAR (CE-SAR) pour la race Carnica.

Les critères de sélection de la CE-SAR étaient initialement au nombre de 5 : la douceur, la tenue de cadre, la résistance à l’essaimage, la résistance aux maladies et la récolte. Ils ont été récemment complétés par 3 nouveaux critères : la force de la colonie à l’entrée en hivernage, l’hivernage et le développement printanier.

Chacun de ces critères fait l’objet d’une échelle de mesure commune à tous les éleveurs.

  • Pour la douceur, il faut qu’il n’y ait pas d’envol, pas d’attaque et pas de piqûre pour obtenir la note maximale. Cette évaluation est complétée par la tenue de cadre, à savoir l’absence de formation de grappe et de mouvements sur le cadre. L’évaluation de ces deux critères doit se faire sur au moins 4 visites, puis on en fait la moyenne.
  • La résistance à l’essaimage se mesure tous les 5 à 9 jours durant la période d’essaimage. La note maximale peut être donnée s’il n’y a aucun signe d’essaimage : pas de cellules royales vides ou pondues.
  • Pour évaluer la résistance aux maladies, le comportement hygiénique est évalué à l’aide du test de perforation : on pique avec une aiguille 50 cellules de couvain operculé (stade pupes aux yeux roses jusqu’à brun clair) ; après un délai de 8 à 12 heures, on dénombre le pourcentage de cellules nettoyées.
  • La récolte est le critère le plus facile à mesurer, par différence de poids entre la hausse pleine et vide.

3 nouveaux critères ont été introduits dans le but de sélectionner les colonies ayant tendance à être rapidement productive au printemps. Pour cela, il faut que la colonie soit forte à l’entrée en hivernage, avec, en septembre, une belle ponte et beaucoup d’abeilles naissantes. Suite à l’hivernage, à la floraison du cerisier, la colonie devra compter au moins 5 ruelles occupées et être propre (pas de dysenterie, fond bien nettoyé par les abeilles). Le développement printanier est ensuite évalué lors des 3 visites suivantes. Il est optimal si le couvain est réparti de manière régulière en fonction de l’âge et si la colonie bâtit rapidement les cires gaufrées, augmente la population de façon exponentielle et est prête au moment de poser les hausses.

Et la résistance au varroa dans tout ça ? Peut-on en faire un critère de sélection ? Comment ? A ce jour, il n’y a malheureusement pas encore de réponse claire à cette question. Dans le cadre de la sélection SAR, nous nous efforçons de repérer les colonies qui ont le moins de varroas pour en tenir compte. Cependant, il n’y a pas de preuve scientifique quant à l’hérédité d’une telle résistance ou des comportements y relatifs. De plus, une faible charge en varroas n’est pas forcément due au comportement de la colonie : elle peut aussi être le résultat des conditions environnementales, notamment l’absence de ruches infestées à proximité.

Le critère de la résistance au varroa est donc le plus complexe à mettre au point. Osons espérer que l’on puisse prochainement identifier des comportements de résistance se transmettant par hérédité. Quoiqu’il en soit, la sélection doit se poursuivre selon les divers autres critères présentés ci-dessus afin de pouvoir continuer à bénéficier d’abeilles douces et productives.

5. Comment maîtriser l’origine des gènes mâles

Dans n’importe quel élevage, pour pouvoir croiser et transmettre des caractères bien précis, il est nécessaire de maitriser d’où viennent les porteurs de gènes mâles et femelles. Chez la plupart des animaux de rente cela est assez simple car un mâle féconde une femelle. On peut facilement maîtriser le croisement. Chez l’abeille, par-contre, l’histoire est complètement différente à cause de la polyandrie. En effet, la femelle se fait féconder par une multitude de mâles (une quinzaine environ). Comment peut-on alors maîtriser l’origine des gènes mâles chez l’abeille afin de déterminer précisément les croisements ?

Il existe deux méthodes pour pallier cette difficulté :

1. La fécondation artificielle

Cette procédure permet à l’aide d’un microscope et de sperme de faux-bourdons de féconder la reine. Cette technique permet d’être sûr à 100% de l’accouplement mais est difficile, reste réservée à quelques personnes et donne un taux de succès d’environ 80% pour les experts. Seul un petit nombre de reines peut être fécondées de la sorte, ce qui ne permet pas une diffusion à large échelle de la génétique sélectionnée par les éleveurs.

2. Les stations de fécondation

Une autre solution est d’isoler dans un endroit reculé les reines à féconder et une série de souches à mâles contenant uniquement des frères de la même famille. La topographie particulière des Alpes permet, dans des vallées reculées, d’isoler ce groupe d’abeilles et ainsi d’être protégé de l’arrivée de mâles non désirés. Ces stations sont un merveilleux outil de travail pour les éleveurs car elles permettent de féconder de manière naturelle une grande quantité de reines (propagation de la génétique) avec un niveau technique facilement accessible par n’importe quel apiculteur. Ces stations sont protégées par la loi cantonale sur l’agriculture ; il est donc interdit de poser des ruches dans un périmètre d’environ 6km autour de la station afin d’éviter toute pollution génétique.

 

Le Valais compte trois stations gérées par les moniteurs éleveurs SAR :

  • Bonatchiesse (réservée aux moniteurs éleveurs), située au pied du barrage du Mauvoisin
  • Les Toules, située au pied du barrage des Toules
  • Moiry, située au pied du barrage de Moiry (voir photo)
 

 

Les moniteurs éleveurs valaisans travaillent d’arrache-pied pour permettre à tous les apiculteurs de profiter chaque année de la génétique des lignées de la commission d’élevage SAR (CE-SAR). Une lignée est présente deux années consécutives dans la même station. (Infos détaillées sur https://favr.ch/elevage/stations-de-fecondation/)

Si, vous aussi, vous désirez pouvoir profiter de ces stations, nous vous invitons à contacter le moniteur éleveur de votre section ou de participer au cours d’élevage de votre région. Ceci vous permettra de faire vos élevages sur du couvain sélectionné et d’avoir toutes les informations nécessaires pour monter vos ruchettes en station dans les règles de l’art.

 

6. Les ruchers de testage

Dans le chapitre précédent, nous vous avons présenté les stations de fécondation de la SAR et leur rôle dans la sélection. Grâce aux 6 stations A de la SAR, la pureté de la race Carnica a pu être maintenue depuis plus de 70 ans. Nous allons maintenant vous exposer comment la meilleure génétique de notre sélection est mise à disposition dans les stations.

C’est grâce aux ruchers de testage que les reines les plus performantes sont repérées. Chaque année, entre 10 et 15 apiculteurs testeurs, répartis dans toute la Suisse romande, reçoivent en juillet 12 reines à tester. Ils ne savent pas de quelles lignées sont issues ces reines. Le test se fait ainsi de la manière la plus impartiale possible.

Les testeurs vont introduire ces reines dans des paquets d’abeilles ou en nucléus standardisés. Ces colonies sont placées dans le même rucher et soignées de manière identique afin d’éviter tout bais. Les testeurs vont les évaluer durant les 12 mois qui suivent, sur la base des critères de sélection présentés dans notre article de février dernier : douceur, tenue de cadre, résistance à l’essaimage, résistance aux maladies, récolte, etc.

Toutes les évaluations des testeurs sont consignées dans leur carnet de testage, puis transmises à la commission d’élevage de la SAR. Sur cette base, un classement des lignées testées est effectué. Trois à quatre lignées sont primées chaque année. La meilleure reine de chacune des lignées primées est remise aux responsables des ruches à mâles des stations de fécondation devant renouveler leur lignée. Une même lignée reste au maximum deux ans en station.  

Les responsables des ruches à mâles des stations vont ensuite élever un grand nombre de reines filles de la reine primée reçue. L’objectif est de pouvoir disposer d’au moins 40 colonies issues de la reine primée afin de pouvoir, durant les deux années qui suivent, monter les 20 meilleures colonies en station. Au printemps, on y introduit un cadre à mâles pour qu’il y ait un maximum de faux bourdons mâtures dans ces colonies à l’ouverture de la station.

 

 

Tableau illustratif : exemple du rucher de testage 2022

 

Il y a ainsi dans chaque station de fécondation un pool génétique spécifique issu d’une reine primée des ruchers de testage (voir également notre article de décembre dernier sur la génétique de l’abeille). La base de données Beebreed permet dès lors de calculer le taux de consanguinité de ce pool génétique avec celui du couvain mis à disposition par les moniteurs éleveurs pour vos élevages de reines. Beebreed permet également d’estimer les chances d’améliorer tel ou tel caractère (douceur, production, etc.) en fonction de la station choisie.

Cette année, les nouvelles lignées mises à disposition dans les stations valaisannes sont la SLO97 à Bonatchiesse et la CC95 aux Toules. A Moiry, nous trouverons la SM89 pour la deuxième année. N’hésitez pas à rouler quelques kilomètres de plus pour vous rendre dans une autre station A de la SAR : Hongrin (au-dessus d’Aigle VD), Petit-Mont (au-dessus de Charmay FR) ou Vermeilley (au-dessus de Nyon VD). Les moniteurs éleveurs sont à disposition pour vous conseiller dans votre choix.

 

Autor:Yves Martignony & Julien Balet
Zurück zur Übersicht