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Phéromones, véritable communication sémiochimique

La phéromone est une substance chimique sécrétée par un organisme et qui, perçue ou reçue par un autre organisme de la même espèce, provoque chez celui-ci une réaction spécifique ou un processus biologique évolutif (ApiWiki)

Les substances sémiochimiques

Les composés organiques, volatils, qui provoquent des réactions chez les individus, par voie externe, sont globalement appelés "substances sémio chimiques". Elles sont sécrétées par des glandes exocrines et agissent à l'extérieur de l’individu ; elles n'ont rien de commun avec les hormones qui sont sécrétées par des glandes endocrines et provoquent des réactions par voie interne.

C'est une sorte de langage chimique qui supplée au manque de détection des sons, au peu de sensibilité au toucher, de même qu'à la déficience de la vue chez beaucoup d'insectes qui ne voient presque plus au delà de quelques mètres.

Les substances sémiochimiques sont de trois types :

  • Les allomones, destinées à une autre espèce mais favorables à l'espèce qui l'émet,
  • Les kairomones, destinées à une autre espèce mais favorable à l'espèce qui la reçoit.
  • Les phéromones, destinées à l'espèce qui l'émet.

 Il y a parfois dualité d'information et une même substance, peut être phéromone et kairomone.

Par exemple, la substance émise par la larve d'abeille pour être operculée est sécrétée pour attirer les cirières qui vont mettre en place l'opercule ; c'est une phéromone. Mais en même temps, elle prévient les varroas de l'imminence de la fermeture de la cellule et du moment propice pour le parasite de s'y glisser. Pour le varroa c'est une kairomone.

Les phéromones

Appelées successivement ectohormones et exohormones avant la guerre de 1940, puis parahormones (1952), le terme de phéromone a été émis à plusieurs reprises et utilisé officiellement en 1960 par P. Karlson, il fut tiré du grec « pherein »porter, transporter". Les phéromones sont un moyen d'information par des odeurs ; ce sont des substances volatiles, produites et émises par un ou plusieurs individus, qui induisent des réactions physiologiques chez un ou plusieurs autres individus mêmes s'ils sont étrangers à l'espèce qui émet. Les phéromones sont étudiées de façon systématique depuis plus de cinquante ans ; la structure de leur molécule et leur synthèse est devenue chose courante fin des années 60, non seulement pour l'abeille mais surtout pour un grand nombre d'insectes nuisibles aux cultures (du continent américain) dans le but de mettre en place une lutte intégrée contre ces parasites. La lutte intégrée consiste à placer des diffuseurs de phéromones sexuelles visant à éloigner les insectes de sexe opposé et de stopper leur prolifération (confusion sexuelle).

Il y a plusieurs types de phéromones, soit des phéromones :

  • sexuelles
  • d'agrégation
  • d'alarme et d'attaque
  • traçage de pistes (aériennes)
  • de marquage (au sol)
  • des études en cours en laissent prévoir d'autres.

Phéromones sexuelles

Sécrétée par les glandes mandibulaires et présente dans la substance royale, le 9-céto-2-décènoïque joue un rôle lors du vol nuptial de la reine pour attirer les faux-bourdons, mais il doit agir en concomitance avec un autre acide réducteur le 9-hydroxy-2-décènoïque. Les mâles produisent eux aussi une phéromone sexuelle aérienne qui attire les reines en instance d'accouplement, vers le lieu du rassemblement des mâles. Lorsqu'une reine vierge arrive près de l'endroit du rassemblement, ce sont les phéromones de la reine qui déclenchent la course poursuite pour l'acte d'accouplement.

Phéromone d'agrégation

L'acide 9-céto-2-décènoïque a aussi un rôle important à jouer, assurer la cohésion de la colonie, elle commande en même temps aux ouvrières de nourrir la reine, de la toiletter, de la lécher. La substance royale léchée est ensuite distribuée à toutes les ouvrières ce qui inhibe leurs ovaires. Des glandes épidermiques produisent du méthyl-4-hydroxybenzoate qui paraît être bénéfique pour la cohésion de la colonie. La glande de Nasanoff est utile pour battre le rappel et faire rentrer l'essaim, peut-être aussi pour faire repérer la ruche par la reine lors des vols de fécondation, elle dispense un mélange de géraniol, de citral, d'acide géranique et nérolique. Les glandes de Koschevnikof situées près de l'aiguillon de la reine participeraient aussi à la cohésion de la grappe d'abeilles.

Phéromone d'alarme & d'attaque

La phéromone d'alarme, la 2-heptanone CH3 CO (CH2)4 CH3, sécrétée par des glandes mandibulaires des ouvrières, met la colonie en alerte lorsqu'un intrus s'approche de la ruche, ou qu'une abeille est agressée. L'attaque est possible si des gestes brusques sont exécutés à proximité. Cette substance cétonique peut être confondue, par l'abeille, avec d'autres substances cétoniques, comme l'acétone de certains vernis à ongles ou la benzophénone utilisée comme fixateur de presque tout les parfums cosmétiques, d'où les risques de piqûres des personnes qui utilisent des vernis à ongles (cétoniques) ou qui se parfument. Les phéromones d'alarme, utilisées par les insectes sociaux, provoquent une réaction d'alerte immédiate dans la colonie, mais de courte durée. La phéromone d'attaque, l'acétate d'isoamyle (CH3)2 CH CH2 CH2 OCO CH3, substance volatile, est produite par des cellules bordant la poche à venin. Après une piqûre le dard est arraché et continue à émettre le signal d'attaque. Il vaut mieux s'écarter au plus vite de la ruche, car le signal d'attaque est puissant. Il faut tenir compte du fait que la modification du comportement préparée par la phéromone peut être amplifiée par des gestes brusques, des odeurs corporelles ou autres ou des sons à proximité de la ruche. Récemment, une nouvelle phéromone a été découverte, le 4-11-eicosène-1-ol , émise par l'appareil vulnérant et qui serait aussi une phéromone d'alarme.

Phéromones de traçage de piste

La glande de Nasanoff, située sous la partie arrière du 6e tergite (l'avant dernier) émet simultanément plusieurs constituants, le géraniol et le citral, plus les acides géranique et nérolique. Ce mélange sert à marquer le chemin à suivre vers une source de nourriture. L'abeille trace une piste aérienne, par les substances volatiles qu'elle émet, de la source de nourriture à la ruche. Il suffit aux butineuses par des vols en zigzag de recouper la piste, la repérer et ainsi la remonter pour trouver la source. Il est parfois écrit que l'abeille s'en sert pour marquer l'endroit du butinage mais la position de la glande ne permet pas à l'abeille de marquer le sol.

Phéromone de marquage

A l'extrémité des pattes existe la glande d'Arnhart qui permet également de marquer (au sol) des pistes à l'entrée de la ruche. La reine et les faux-bourdons possèdent aussi cette glande qui émet cette phéromone de marquage de piste, elle est appelée Epagine ETA. Les glandes mandibulaires des ouvrières sécrètent une phéromone voisine de celle de la reine, l'acide 10 hydroxy-2-décènoïque, mais si elles deviennent pondeuses leurs mandibules émettent la même phéromone que la reine, l'acide 9-céto-décènoïque. La tête de l'abeille serait, d'après certains chercheurs, la source d'une trentaine de phéromones dont quelques-unes seulement ont été isolées. Chez Apis Mellifera, on dénombre 11 glandes différentes (essentiellement disposées au niveau de la tête et de l'abdomen) dont actuellement on ne connaît qu'une partie de la fonction.

Le butinage des abeilles est lié à une phéromone, l'éthyle oléate

Cette phéromone régule le comportement de butinage des jeunes abeilles. Elle est émise par les butineuses et inhibe l'évolution des jeunes abeilles en butineuses.

Donc :

  • En cas de grosse miellée (et beau temps): les butineuses sont "au champ" et donc les jeunes abeilles restées à la ruche ne sont pas exposées à l'éthyle oléate. Ainsi, elles évoluent plus vite en tant que butineuses. Cela recoupe l'observation faite qu'une ruche sait mobiliser ses forces pour profiter d'une bonne miellée.
  • En cas de mauvais temps, les butineuses sont confinées dans la ruche et diffusent de l'éthyl oléate aux jeunes abeilles : celles-ci restent plus longtemps au stade de nourrice. Cela doit participer au phénomène de l'essaimage (plus de gelée présente dans la ruche) Cela recoupe l'observation faite que le mauvais temps accentue l'essaimage.

Emission et réception d'une phéromone

L'émission et la réception d'une phéromone peuvent passer par trois voies différentes :

  • la diffusion aérienne
  • la rémanence au sol - le contact entre individus
  • l'échange de nourriture.

Sans qu'il soit possible de dire avec certitude laquelle est effectivement employée.

Comment sont perçues les phéromones ?

Le sens olfactif de l'abeille se situe surtout au niveau des antennes qui portent de très nombreux organes sensoriels. C'est surtout au niveau des 8 articles distaux sur les 12 que comprend l'antenne que l'on trouve les sensilles olfactives.

Auteur
Devleminck Robert, Institut apicole de Charleroi Ransart
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