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Mois par mois 06 : Juin

« À la sainte Clotilde, de fleur en buisson, abeille butine à foison. »
En juin, les grandes floraisons de fruitiers sont achevées, mais les fleurs des buissons demeurent importantes jusqu’au mois d’août. Tout, ou presque, arrive à maturité. Le développement des colonies, à son apogée fin mai, détermine alors les possibilités de collecte de miel. Les élevages de reines réussissent moins facilement, le creux de fleuraisons commence dans certaines régions. La famine guette, alors que les butineuses s’activent au trou de vol.

1. La météo du mois

Dernier mois du printemps, juin est habituellement beau et chaud, avec des températures moyennes de 15 °C à 21 °C suivant les jours et les régions, et des pics possibles entre 25 °C et 35 °C. La durée d’ensoleillement augmente régulièrement tout le mois, jusqu’à culminer vers la Saint-Jean, et les journées seront bientôt les plus longues de l’année. La nature est en fête et les jardins donnent à foison. Côté rucher, le couvain arrive à son apogée avec le solstice d’été.

2. Les Floraisons

Selon les endroits, juin peut être encore très nectarifère ou à l’inverse celui des premières famines. En terre acides, les châtaigniers apportent d’abondantes récoltes en fin de mois. Un peu plus tôt dans le mois, ce seront les tilleuls, dont certains fleuriront jusqu’en septembre ; ils seront également appréciables pour leurs miellats. Ces floraisons supposent malgré tout de l’eau en quantité dans le sol. Ce seront les seules miellées issues d’arbres, les autres proviennent de buissons, lianes ou légumineuses : lavande, trèfle, luzerne, mauve, weigelia, centaurée, symphorine, lotier, choux, lamier, sagine, chèvrefeuille grimpant, moutarde, salicaire etc. Du coté des annuelles, les fleurs de maraîchers (courges, potirons, tomates…), les coquelicots et les fleurs des jardins sont encore au rendez-vous ce mois-ci, mais ce ne sont que des apports négligeables.

3. La vie de la colonie

Une population à son maximum

Les colonies vont atteindre en juin-juillet leur population maximum. La ponte de la reine évolue, comme la course du soleil dans le ciel. Mais, passé le solstice d’été, elle se réduit sous l’effet du manque de nourriture.
Les fleurs se font en effet plus rares, car vient le temps des fruits et des graines. Plus tard, l’ensoleillement diminue, limitant les apports de nectar. Moins nourrie, la colonie à son tour nourrit moins sa reine qui, de ce fait, pond moins.

Surveiller le couvain

L’abondance des abeilles au trou de vol ne doit pas faire illusion. L’important est en effet ce qui se passe au niveau du couvain. Les butineuses arrivent au trou de vol environ 40 jours après l’apparition des œufs. Celles du mois de juin sont donc issus d’œuf pondus en avril et ce seront les œufs pondus maintenant qui fourniront les butineuses d’août, et ainsi de suite. Pour maintenir de bonnes populations en août, il faut donc éviter le manque de nourriture en juin.

4. Biologie de l’abeille

Les butineuses prennent le dessus

Le développement des colonies suit les aléas du temps et des récoltes. Si le temps est favorable et la récolte abondante, la durée de présence des abeilles dans leurs fonctions de nourrice et de cirière sera réduite, au profit de leur rôle de butineuse. En principe, une vie d’ouvrière, l’été, dure six semaines, dont trois semaines environ comme butineuse. Ce schéma est cependant très théorique.
Lorsque les colonies rempli8ssent une hausse en une semaine, la durée de vie des butineuses est aussi d’une semaine, le nombre et la rapidité des allers-retours vers les zones nectarifères usant en effet les abeilles. Leurs muscles durcissent, s’atrophient et elles meurent d’épuisement. Les cirières et les nourrices deviennent alors plus rapidement butineuses. Du coup, le couvain s’en ressent.
Si la hausse demande trois semaines pour se remplir, la durée de vie des butineuses sera de trois semaines également. Nourrices et cirières exerceront leurs talents sur de plus longues périodes et le couvain sera plus fourni.
C’est pourquoi les régions aux miellées régulières sont plus favorables à un bon développement des colonies. Le couvain y est abondant, il n’est pas concurrencé par d’excessives arrivées de nectar déposé partout dans la ruche, y compris là où pond la reine.
Si l’objectif de l’apiculteur est la production de miel, il doit cependant toujours veiller à produire des abeilles en nombre suffisante.

5. Hygiène et santé du rucher

Surveiller le varroa

Bien que la pression du varroa soit forte à cette période, les traitements contre cet acarien seront appliqués plus tard, car des récoltes sont encore ne perspective. Attention malgré tout, si vous observez sur certains cadres des abeilles aux ailes totalement rongées, ce sont des jeunes abeilles atteintes de maladies importées par le varroa. Ce signe est inquiétant, il signifie que l’infestation est massive. Dans ce cas, il faut récolter au plus vite ce qui peut l’être et traiter avec des produits admis. Faute de quoi la survie de la colonie sera compromise cet hiver.

Maintenir la force de la colonie

En cas d’absence de miellée, la seule précaution possible pour maintenir la force des colonies consiste à nourrir les abeilles d’un sirop léger.
Une colonie forte a deux grands avantages. Les butineuses peuvent sans problème continuer à collecter le nectar indispensable au bon fonctionnement des organismes, à dynamiser la ponte de la reine et à apporter le pollen indispensable à la bonne constitution des futures abeilles. Une colonie forte donne également aux abeilles la capacité de sortir rapidement des cellules et de la ruche les larves mortes, mycosées, malades etc.
La force d’une colonie est donc liée à la fois au nombre d’abeilles qui la composent et à l’instinct de nettoyage qui les fait agir. Celui-ci est variable selon les lignées, certains éleveurs le mesurent par un test qui permet de sélectionner les colonies « hygiéniques » que ce comportement met plus à l’abri des maladies. À minima, on se contente de veiller au volume de population.

Attention aux mycoses

Parmi les pathologies courantes de ce mois de juin, les mycoses, qui empêchent les colonies de se développer. Les rayons sont criblés de larves mortes couvertes d’une poudre blanche, qui est en fait un champignon. Il n’y a pas de médication, parfois le changement de reine suffit à stopper la maladie. Si la situation perdure, il vaut mieux ne pas conserver ces colonies et détruire les rayons, parce que les lignées issues de ces colonies seront à leur tour sensible aux mycoses. Il n’y a pas de danger connu pour l’homme, simplement ce sont des colonies qui ne produisent pas de miel.

6. Les travaux au rucher

Faire construire les rayons

C’est le dernier mois pour la construction des rayons et il est important de poursuivre leur renouvèlement. La force des colonies et la température ambiante permettent de mettre une cire à bâtir au centre du nid à couvain. Si la miellée est présente, elle sera construite et pondue en l’espace d’une semaine. Conseil : Bien veiller à réussir la construction de trois cires par an, de manière à renouveler les cadres du corps en trois années. C’est la meilleure prophylaxie.

Agrandir ?

Le soir, les abeilles « font la barbe », c’est-à-dire qu’elles s’agglutinent en paquet sous le plateau de sol. On pourrait croire que la ruche va essaimer mais il n’en est rien. Deux raisons principales peuvent expliquer ce phénomène :

  1. La population d’abeilles et trop importante. La solution ? Agrandir la colonie par une hausse. Vous pouvez le faire même en l’absence de miellée, car il faut éviter l’essaimage.
  2. Il fait trop chaud dans la ruche et le plateau de sol n’est pas assez aéré. On pallie cet inconvénient en remplaçant le couvre-cadre en pos par une toile tissée en plastique, de type « bâche à talus ». Poser dessus un couvre-cadre en bois, éloigné de cette toi8le par une baguette de 10 à 15 mm clouée sur deux côtés. Ce système permet une légère ventilation.

Prendre soin des essaims

1. Essaims anciens
Les essaims artificiels doivent progresser régulièrement. Une fois la ponte de la reine en place, vous devez surveiller l’évolution du couvain et ajouter des cadres bâtis autant que nécessaire. Il faut tout à la fois que la colonie étende la ponte de la reine et amasse progressivement ses réserves d’hivers.

2. Essaims récents
Les essaims nouvellement constitués feront l’objet de toute votre attention. Une agitation anormal, des abeilles qui volent dans tous les sens, qui occupent de manière inhabituelle la façade de la ruche ou qui tournoient autour de ruches bonne santé : cela signifie probablement que la reine n’est pas revenue d’un de ses vols d’accouplement. Il faut alors remettre dans la ruche une cellule de reine prête à naître, ou une reine en ponte, ou encore opérer une réunion avec un autre essaim.

7. La bonne pratique du mois

Préparer l’extraction du miel : La miellerie qui va accueillir la récolte doit être un endroit sec, propre, interdit aux animaux domestiques. Un bon nettoyage désinfectant aura lieu avant chaque extraction. Pendant l’extraction, il est interdit de fumer. Aucun produit ménager ne sera manipulé au laissé ouvert. Le matériel d’extraction (couteaux, bac à désoperculer, maturateur, etc.) sera désinfecté avant l’utilisation à l’eau de Javel, à raison d’un berlingot pour 6 litres d’eau. Lors de la mise en pot, n’utiliser que des récipients conformes à l’usage alimentaire, non récupérées et présentant zéro défaut. Les bouchons qui se vissent sont préférables aux couvercles qui s’emboitent.

8. La technique du mois : Faire un paquet d’abeilles

C’est la même technique que pour réaliser un essaim nu, mais comme on avance dans la saison, cette collecte d’abeilles va servir, non plus à faire les essaims, mais à constituer de toutes petites populations appelées nucléis.

1. Placer entre la ruche et la hausse une grille à reine (il faut être sûr en effet de ne pas prendre la reine), de préférence métallique car plus facile à franchir par les abeilles.

 

2. Poser le toit à l'envers sur le tout, en laissant un espace ouvert de 10 cm maximum du côté de l'entrée de la ruche. Enfumer fortement par l'entrée, jusqu'à ce que de la fumée sorte par le sommet. En quelques minutes, les abeilles bruissent, ce ronflement est caractéristique d'une colonie en état de stress.

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3. Tapoter fermement le bas de la ruche avec un bâton ou un lève-cadre. Continuer en remontant progressivement le long de chacune des deux parois de la ruche. Bien surveiller les arrivées au sommet pour éviter de prendre trop d’abeilles, ce qui va vite car plus les abeilles sont nombreuses plus elles montent rapidement.

 

4. Une fois que les abeilles sont dans la hausse, les secouer dans un toit en tôle (ou un autre bac), puis pulvériser de l’eau. Celles qui s’envoleront en masse seront des butineuses, peut importantes pour l’élevage. Celles qui restent seront redistribuées dans les divers nucléis (par ex. ruchette Apidea) pour accueillir les cellules de reines prêtes à naître.

 

Connaître la convention

Les apiculteurs utilisent un code pour signaler les évènements liés à la reine. Pour cela, ils se servent d’une punaise, dont la couleur change suivant les années (la couleur indiquant son année de naissance). Cette punaise est mise sur le nucléi ou sur la ruche, sa place est variable :

  • En bas à gauche : absence de reine
  • En bas au milieu : présence d’une cellule royale
  • En bas à droite : naissance d’une reine
  • Au milieu à droite (du côté vertical) : reine en ponte
  • En hauteur au centre du panneau : reine marquée
   

Autres articles:

Élevage de reines
Multiplication d’un nucleus

Mois par mois: mai
Mois par mois: juillet

 

Source: Jean Riondet, 2010: L'apiculture mois par mois, Ulmer

   

 

Auteur:Jean Riondet (adapté par S. Imboden & C. Pfefferlé)
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