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Observations au trou de vol

Une colonie d’abeilles a besoin de tranquillité tout au long de la saison apicole et probablement encore plus pendant les mois d’hiver. Si l’apiculteur, trop curieux, ouvre sa ruche à tort et à travers, la colonie constamment dérangée finit par être stressée et le comportement de ce superorganisme se modifie, augmente sa consommation de carburant, brûle les réserves de son précieux corps gras, inhibe ses défenses immunitaires contre le varroa et les virus véhiculés, freine le développement de la population d’ouvrières et du couvain et finit par s’effondrer dans une spirale infernale (► Cascade infernale : Chronique d’une mort annoncée).

L’observation minutieuse au trou de vol apporte de nombreuses informations quant à l’activité qui règne à l’intérieur de la ruche. Si l’apiculteur se donne la peine de comparer les planches d’envol de plusieurs de ses ruches, il remarquera rapidement si « quelque chose d’anormal » se passe devant une de ses ruches.

 

1. Pendant l’hiver

Pendant l’hiver, un contrôle hebdomadaire ou bimensuel du rucher permet de s’assurer de la bonne stabilité des ruches sur leur banc et de la bonne perméabilité du trou de vol (► Hivernage d'une colonie ; ► Réussir l’hivernage).

 

 

 

De la neige plus ou moins compacte pourrait s’accumuler devant la grille d’entrée ; des cadavres d’abeilles mortes naturellement pourraient s’accumuler contre la face interne de la grille et empêcher toute sortie des ouvrières. Le nettoyage du trou de vol s’impose pour une bonne ventilation/oxygénation de la ruche et pour permettre une activité de vol de la colonie.

 

 

 

 

 

Au moment de l’hivernage une colonie peut compter 30'000 abeilles ; à la sortie de l’hiver la colonie ne comptera plus que 15'000 - 20'000 abeilles. Il est donc possible de trouver quotidiennement un nombre important de cadavres (jusqu’à 50) au niveau de l’entrée, sur la planche d’envol ou sur la couche de neige devant la ruche. En revanche, une très grande quantité de cadavres présents sur la planche d’envol d’une seule ruche doit faire suspecter une situation à contrôler (famine, problème de thermorégulation, maladie…).

Quelques abeilles mortes dans la neige, c'est normal.

Photo 1 : De la neige plus ou moins compacte pourrait s’accumuler devant la grille d’entrée. Aussi longtemps que la neige est poudreuse, elle reste perméable à l'air et la respiration des abeilles n'est pas sérieusement entravée. Mais dès qu'elle commence à fondre et menace de geler la nuit, elle risque d'obstruer le trou de vol et on conseille de l'enlever.
Photo 2 a & b : Des cadavres d’abeilles mortes pourraient s’accumuler contre la face interne de la grille et empêcher toute sortie des ouvrières. Quelques abeilles mortes dans la neige, c'est normal. Cela se produit surtout dans les ruches bien peuplées et on n'a aucune raison de s'inquiéter.

Le contrôle régulier du rucher permet de repérer d’éventuels dégâts occasionnés par des pics-bois qui dilacèrent et parfois perforent toute l’épaisseur de la paroi de la ruche à la recherche de nourriture. Non seulement la colonie est dérangée et augmente sa consommation de carburant (stress), mais les ouvrières qui se risquent devant la grille d’entrée sont gobées sans hésitation. Les ruches en polystyrène ne résistent pas longtemps aux assauts des oiseaux, mésanges y compris.

 

Photo 3 & 4 : Les pic-bois parfois perforent toute l’épaisseur de la paroi de la ruche à la recherche de nourriture

Lorsque la température baisse, la colonie se protège du froid en formant une grappe hivernale très bien structurée avec son manteau externe isolant, sa couche intermédiaire de respiration et son centre de production thermique dont la consommation de carburant est optimisée pour assurer la survie des abeilles. Cette grappe est silencieuse : il est difficile d’entendre un faible bruissement lorsque la ruche est frappée…

 

 

 

Si un bruissement est spontanément audible en période de froid prolongé, la grappe n’est probablement pas formée : soit du couvain est élevé, soit la colonie est stressée et peut-être orpheline et doit être contrôlée (intrus, souris…).

Photo 5 : Par une journée calme, écoutez au trou de vol d'une ruche fort peuplée. Plus d'un n'entendra rien du tout. Dans ce cas, grâce au tuyau d'écoute, on peut facilement constater combien celles-ci sont dérangées dans leur repos hivernal.

Lorsque la température augmente, la grappe hivernale se disloque ; cependant si elle baisse rapidement, les abeilles se serrent plus étroitement. Le bruissement perçu provient de ces mouvements. Dans les deux cas, on peut difficilement observer une augmentation des activités respiratoires. L'apiculteur expérimenté ne voit jamais d'un bon œil un brusque changement de température en hiver, pas plus que celui survenant entre le jour et la nuit, car il provoque toujours une consommation de nourriture plus élevée.

La présence d’un peu d’eau de condensation sur la planche d’envol, juste en face de l’entrée, signifie que la colonie génère de l’air chaud et humide et donc qu’elle est bien vivante.

 

 

 

La présence d’un peu d’eau de condensation sur la planche d’envol, juste en face de l’entrée, signifie que la colonie génère de l’air chaud et humide et donc qu’elle est bien vivante.

Photo 6 : Quand les nuits sont encore froides, la présence d’eau de condensation sur la planche d’envol indique souvent le début de la ponte.

 

Après une longue période de confinement (froid, précipitations…), les abeilles profitent du premier jour de beau pour accomplir leur vol de propreté. Les abeilles plus âgées qui sont restées longtemps à l’intérieur de la ruche et les jeunes abeilles qui ne sont encore jamais sorties, accomplissent leur vol de propreté en le combinant avec un vol de reconnaissance, donc jamais très loin de l’entrée de la ruche. Les colonies qui élèvent du couvain pendant une période de claustration produisent des volumes d’eau conséquents en métabolisant les réserves de miel. Les nourrices stockent une partie cette eau indésirable dans leur intestin pour contrôler l’hygrométrie à l’intérieur de la ruche et éviter l’apparition de moisissures.

 

 

 

Dès que les conditions du vol de propreté sont présentes, les abeilles aux intestins distendus se précipitent au dehors pour se vider au plus vite. C’est la raison pour laquelle quelques filets d’excréments brunâtres sont parfois visibles sur la planche d’envol, sur les parois de la ruche ou sur des surfaces alentour (carrosserie de voiture, linge sur étendage…).

Photo 7 : Après l'hiver, des vols de nettoyage ont lieu au début du printemps, au cours desquels les vessies pleines de déjections des abeilles d'hiver sont vidées. En mai, des projections de déjections se produisent lorsque les jeunes abeilles ont reçu trop de pollen et trop peu d'eau. Les éclaboussures de fientes noires peuvent indiquer la présence de nosémose. On peut également distinguer les pointes pointillées et les traces de fientes cohérentes ressemblant à des saucisses.

 

 

En revanche, si l’entrée de la ruche est maculée de quantités d’excréments nauséabonds avec présence de cadavres englués d’abeilles sur la planche d’envol et devant la ruche, une maladie dysentérique (nosémose) est probable. Cette situation se rencontre plus souvent après une longue période de confinement, lorsque la température est fraîche et que l’humidité à l’intérieur de la ruche est trop importante. L’intestin distendu des abeilles favorise la multiplication du parasite Nosema apis dès que la température s’élève quelque peu courant février. Par opposition, en période de mauvaises conditions météo de fin de saison, c’est Nosema ceranae qui peut proliférer et occasionner de la dysenterie. La découverte d’abeilles tombées au sol devant la ruche ou se regroupant en petites grappes incapables de voler doit faire penser à une Nosémose (► Maladies diarrhéiques).

L’ouverture de la ruche confirme des souillures étendues sur les têtes des cadres, sur les rayons, sur les faces internes de la ruche, sur le fond grillagé et la présence de monceaux de cadavres. Cette colonie n’a que peu de chance de survie et doit être traitée, voire détruite au plus vite pour éviter une contagion à tout un rucher. Les cadres seront éliminés et la ruche passée au chalumeau.

 

 

Prévention :

  • Eliminer les colonies faibles
  • Maintenir les colonies à l’étroit
  • Réunir de petites colonies saines
  • Renouveler régulièrement les cadres
  • Veiller à la propreté des abreuvoirs et ne pas les disposer dans le champ de vol des abeilles
  • Concentrer l’élevage sur des colonies saines et résistantes aux maladies
  • Choisir un emplacement au sec, à l’abri du vent et au chaud avec de bonnes conditions de miellée (y compris approvisionnement en pollen au printemps)
  • Eviter de grandes réserves de miellat lors de l‘hivernage
  • Garantir le repos hivernal des abeilles

 

 

Photo 8 & 9 : Après une longue période de confinement, l’intestin distendu des abeilles favorise la multiplication du parasite Nosema apis dès que la température s’élève quelque peu courant février. Par opposition, en période de mauvaises conditions météo de fin de saison, c’est Nosema ceranae qui peut proliférer et occasionner de la dysenterie.

Lutte :

  • La prévention est la meilleure lutte – il n’existe pas de médicament vétérinaire autorisé.
  • En cas de légère infestation, la meilleure solution est la formation d’un essaim artificiel placé dans une ruche propre sur cadres de cire gaufrée (► aide-mémoire Traitement d’urgence 1.7.1. et 1.7.2. sur www.abeilles.ch/varroa).
  • En cas de forte infestation, l’élimination de la colonie et des cadres est la meilleure solution.

 

 

 

Si ces abeilles présentent leurs ailes largement ouvertes en forme de croix (K), il s’agit peut-être d’une acariose, due à l’infestation du parasite Acarapis woodi situé dans les trachées thoraciques et occasionnant des lésions des muscles alaires (d’où la paralysie des ailes en forme de croix). Les abeilles n'arrivent plus à voler.

Les cas d’infestations faibles à modérées sont  en général peu dangereux pour la colonie,  mais il y a toujours un risque de voir la parasitose prendre de l’ampleur.

Les colonies passant  rarement un hiver serein, elles risquent de  mourir de froid. Les reines infestées peuvent  vivre et continuer à pondre, mais leur colonie  risque de mourir. Si 20% à 30% des abeilles  sont atteintes, la colonie est condamnée et doit être détruite. Il n’existe pas de traitement autorisé. Seule la prévention, en évitant d’acquérir des colonies d’abeilles d’origine douteuse entre en discussion.

 

Photo 10 -11 : Signes d'infestation du parasite Acarapis woodi : abeille domestique ouvrière adulte présentant l'aile K (K-wing). Notez comment l'aile postérieure est disjointe de l'aile antérieure, ce qui fait que l'aile postérieure dépasse du thorax à un angle de 90°, ce qui donne aux ailes et au corps une apparence distinctive en "K". (Credit: Honey Bee Research and Education Laboratory (honeybee@ifas.ufl.edu), University of Florida)

 

Si, après un long confinement, la colonie n’accomplit pas son vol de propreté comme ses voisines, il faut envisager différentes hypothèses :

  • La colonie n’a pas encore commencé à élever du couvain, la reine est peut-être d’une lignée un peu plus tardive.
  • La colonie a peut-être été pillée dès l’automne et elle est en voie d’effondrement.
  • Elle ne peut pas sortir car l’entrée est obstruée par des cadavres ou autre débris déposés par un intrus (souris)
  • La colonie est peut-être morte de faim et de froid car hivernée sur un trop grand nombre de cadres, à une trop grande distance de la nourriture.

Si la cause de l’absence de vol de propreté n’est pas claire, il faut profiter d’une prochaine belle journée pour ouvrir avec précaution la ruche et rechercher du couvain ouvert (preuve de la présence de la reine) ou constater la mort de la colonie (éliminer les cadres, stériliser la ruche au chalumeau).

Photo 12 : Dès la fin janvier/début février, la reine reprend sa ponte, les butineuses ramènent du pollen de noisetier

Dès la fin janvier/début février, la reine reprend sa ponte, les butineuses ramènent du pollen de noisetier puis de saule et les porteuses d’eau sont au taquet pour la production de la gelée royale par les nourrices. Une façon élégante de contrôler les besoins en eau des colonies éleveuses est de positionner à proximité des ruches un abreuvoir témoin. Le bal incessant des porteuses d’eau et les apports de pollen confirment l’élevage du couvain. 

 

Photo 13 : A fin mars, des apports de pelotes informes, grises ou verdâtres, lors de la préfloraison des bouleaux/peupliers/marronniers confirment que les butineuses récoltent leur première propolis pour garantir l’hygiène à l’intérieur de la ruche (► Propolis).

 

2. Au printemps

Au Printemps l’activité de la colonie s’accélère et la consommation de carburant explose pour maintenir la température du couvain au-dessus de 34°C. La consommation de pollen et de nectar/miel suit le développement de la surface du couvain ouvert (► Tout sur le nourrissement).

 

 

 

 

Si les abeilles déposent des cristaux blancs et brillants de sucre sur la planche d’envol, elles ont commencé à dévorer les réserves des cadres de rive et le moment est venu de leur proposer du sirop 50% pour éviter l’apparition de la maladie de mai (► Maladie de mai). Les nourrices qui n’ont pas assez d’eau à leur disposition ne peuvent plus digérer le pollen pour la fabrication de la gelée royale. Elles tombent devant la ruche en petits paquets tremblotants.

Photo 14 : Des cristaux blancs et brillants de sucre sur la planche d’envol peuvent indiquer une manque d'eau.
Photo 15 : La présence de beaucoup de filaments d’excrément jaunâtres interpelle l’apiculteur.

La présence de filaments d’excrément jaunâtres sur la planche d’envol interpelle l’apiculteur. En exerçant une pression sur leur abdomen complètement rempli, il en sort un excrément épais jaune à brunâtre. Il faut rapidement vaporiser de l’eau sur les abeilles dans les ruelles des cadres ou leur donner de l’eau par le biais d’un nourrisseur d’appoint (eau tiède sucrée diluée à 50 % ou eau pure si la hausse est déjà posée (► Quelle eau pour nos abeilles).

 

 

 

 

La découverte de nymphes blanches le matin qui suit une nuit froide signifie qu’une partie du couvain n’a pu être maintenue au chaud par des ouvrières trop peu nombreuses et que ce couvain mort de froid est évacué hors de la ruche pour éviter une surinfection bactérienne. Les lézards et les oiseaux se serviront au passage…

Photo 16a & b: La découverte de nymphes blanches le matin qui suit une nuit froide peu indiquer qu’une partie du couvain n’a pu être maintenu au chaud par des ouvrières trop peu nombreuses (► Sens et non-sens de la thermo-isolation des ruches).

La présence d’une grande quantité d’eau de condensation le matin devant le trou de vol confirme la bonne santé de la colonie qui élève un couvain volumineux. Les apports de grandes quantités de pollen multicolore confirment la vitalité de la colonie.

Photo 17 : Si les abeilles ramènent beaucoup de pollen, c'est un bon signe (► Reconnaître le pollen).

Il est toujours utile de comparer l’activité de plusieurs ruches dans un même rucher pour confirmer un développement régulier des colonies. Une colonie qui ne rentre pas ou peu de pollen et dont le vol des butineuses est clairement épars par rapport aux ruches contiguës doit attirer l’attention de l’apiculteur. Une visite plus approfondie s’impose pour clarifier la cause de ce retard. Il faut garder en mémoire qu’une colonie bien resserrée au printemps se développera plus rapidement qu’une colonie qui dispose d’un trop grand volume, difficile à chauffer.

Par une belle après-midi avec des températures clémentes on peut observer devant plusieurs ruches des vols denses, irradiant dans tous les sens, avec des regroupements d’abeilles sur la face, juste au-dessus de l’entrée. Ces vols, en apparence désordonnés, correspondent à des vols d’orientation des jeunes abeilles qui repèrent les environs de leur ruche en vue de leur futur métier de butineuses. Elles accomplissent des trajectoires de plus en plus éloignées de la ruche pour mémoriser l’aire de butinage et les points de repères pour revenir à domicile. C’est le soleil d’artifice. Ces vols diffèrent totalement d’un essaimage. En effet, lorsque l’essaim quitte la ruche, on assiste à une véritable « coulée » des abeilles hors de la ruche dont la durée est très courte, de l’ordre de la minute et dont le bruit s’apparente à un vrombissement. Le vol de l’essaim est plus ou moins compact et se pose en quelque 10 minutes non loin de la ruche pour former un grappe piriforme suspendue à la branche plus ou moins élevée d’un arbre proche.

Photo 18 : Les vols d’orientation des jeunes abeilles qui repèrent les environs de leur ruche se font souvent l'après-midi entre 14h00 - 16h00 et ne sont pas à confondre avec un essaimage (souvent entre 11h00 - 14h00).

Le matin, il arrive de trouver une petite chenille blanche sur la planche d’envol. La teigne se nourrit volontiers des déchets de cire et de pollen trouvés sur le fond de la ruche (► La fausse teigne).

 

 

 

Les abeilles tolèrent les teignes adultes et sont incapables de déloger les nymphes enfouies dans leurs cocons. En revanche, les chenilles à la progression plus lente sur les rayons font l’objet d’une chasse assidue et sont expulsées hors de la ruche pour le grand bonheur des passereaux.

Photo 19 : La teigne se nourrit volontiers des déchets de cire et de pollen trouvés sur le fond de la ruche.

Le matin on peut découvrir des concrétions blanchâtres, grises ou noires sur le fond de la ruche et la planche de vol, le plus fréquemment au printemps en raison des retours du froid et d’un mauvais apport nutritionnel. Le couvain calcifié (plâtré; ascosphérose) est une maladie fongique qui affecte le couvain d’ouvrières et de mâles. La contamination des larves par les spores du champignon entraîne leur mort, leur dessèchement et la formation de momies. 

Le couvain pétrifié (aspergillosis larvae apium) est une maladie fongique causée par des espèces de champignons du genre Aspergillus : A. fumigatus, A. flavus, et A. niger. Il provoque la momification du couvain d'une colonie d'abeilles mellifères. Ces champignons sont communs dans les sols et sont également pathogènes pour d'autres insectes, oiseaux et mammifères. La maladie est difficile à identifier aux premiers stades de l'infection. Les spores des différentes espèces ont des couleurs différentes et peuvent également causer des affections respiratoires chez l'homme et d'autres animaux. Lorsque les larves d'abeilles absorbent des spores, elles peuvent éclore dans l'intestin, se développant rapidement pour former un anneau en forme de collier près des têtes larvaires. Après la mort, les larves deviennent noires et difficiles à écraser, d'où le nom de couvain pétrifié. Finalement, le champignon émerge du tégument des larves et forme une fausse peau. À ce stade, les larves sont couvertes de spores fongiques poudreuses. Les abeilles ouvrières nettoient le couvain infecté et la ruche peut se rétablir en fonction de facteurs tels que la force de la colonie, le niveau d'infection et les habitudes d'hygiène de la souche d'abeilles (ce caractère varie selon les différentes sous-espèces).

 

 

 

Ascosphaera apis provoque une maladie fongique qui infeste l'intestin des larves. Le champignon est en concurrence avec elles pour la nourriture, ce qui les fait mourir de faim. Le champignon continue ensuite à consommer le reste des corps larvaires, les faisant apparaître blancs et « crayeux ». 

 

Si la colonie n’est pas trop atteinte, l’apport de protéines sous forme de pollen et de sirop 50% peut régler le problème. Parfois le changement de le reine infectée est nécessaire. Si la colonie est très atteinte un essaim artificiel s’impose, voire même le soufrage de la colonie pour éviter une contamination de tout un rucher (► Le couvain califié)

 

 

Photo 20 - 22 : Le couvain calcifié (plâtré ; ascosphaerosis larvae apium) est le plus souvent visible pendant les printemps humides. Les ruches à couvain plâtré peuvent généralement être récupérées en augmentant la ventilation dans la ruche.

 

  Pendant une miellée, il peut arriver que les abeilles paraissent massées au trou de vol, perturbant le décollage et l’atterrissage des butineuses et que de nombreuses pelotes de pollen tapissent la planche d’envol. L’entrée de la ruche est certainement trop exiguë et il faut écarter les grilles pour améliorer la fluidité du trafic

Photo 23 : Si l’entrée de la ruche est trop petite, il peut y avoir des bouchons.  Les ventileuses l'encombrent et les abeilles qui sortent obstruent les chemins de celles qui rentrent lourdement chargées. À la longue, ces pertes de temps se traduisent par une diminution de la récolte.Néanmoins, une trop grande ouverture favorise le pillage.

Si toute activité cesse brusque­ment chez une forte colonie, l'essaimage est chose décidée. La colonie a construit des cellules royales dans lesquelles la reine a pondu et qui contiennent peut-être déjà des larves de reines. Ces cellules seront bientôt operculées. Si l'on veut empêcher l'essaimage, il faut, sans hésiter, prélever un essaim artificiel.

Photo 23a : Si toute activité cesse brusque­ment chez une forte colonie, l'essaimage s'annonce. Cette colonie va essaimer à très bref délai, peut-être dans quelques minutes. Un essaim primaire sort d'habitacle de la ruche dès que la première cellule de reine est operculée. Si à ce moment il pleut ou si la température n'est pas propice, il attend alors le premier beau jour. Dans un essaim primaire, la reine apparait presque toujours la dernière.

Entre 10 h et 11 h, soudain vous entendez le vol des faux bourdons, ce qui est inhabituel à telle heure et vous avez vite détecté la colonie d'où ils proviennent. Elle vole irrégulièrement et des abeilles chargées de pollen sortent du trou de vol. 

Lorsqu'on marche lentement devant le rucher, le soir, alors que les bruits de la journée se taisent peu à peu, on peut entendre très distinctement le « tut » d'une jeune reine au travers du trou de vol des populations qui ont donné un essaim primaire. Le « qwak » des reines qui se trouvent encore dans les cellules est plus difficilement audible. Cette colonie donnera, le lendemain ou au plus tard le 3e jour, un essaim secondaire. Dans l'essaim secondaire comme dans l'essaim de chant, la reine apparait en premier lieu. Tous deux sortent même si la température est moins favorable et tous deux construisent pendant 3 semaines exclusivement des cellules d'ouvrières.

Une colonie qui n'a pas donné d'essaim primaire laisse entendre le « tut » bien connu. La reine de cette colonie est morte il y a environ deux semaines ou elle a été blessée ou tuée lors d'une visite, ce qui arrive souvent. Certe colonie donne le lendemain un essaim de chant (► Essaimage).

 

3. En été

En été, lorsque la température intérieure de la ruche est trop élevée, une grande partie de la colonie la quitte pressentant d’instinct différents dangers (ramollissement des constructions, rupture des rayons chargés de miel ou de couvain). Si la température continue à monter au-delà de 36 °C, le couvain en souffre et peut mourir. Ce couvain mort se décompose dans les cellules, mais il ne faut surtout pas le confondre avec la loque. Il faut aérer immédiatement et retirer le tiroir s’il est en place. Cette situation se produit le plus souvent dans les ruchers exposés au midi et ne possédant aucune protection contre les rayons du soleil qui viennent frapper directement le trou de vol.

  Lorsque la température extérieure s’élève au-dessus de 30°C, on peut observer une grappe plus ou moins volumineuse d’abeilles qui pend à l’extrémité de la planche d’envol. Elles font la « barbe » pour décharger le poids des rayons de cire qui menacent de fondre et de s’effondrer avec le couvain et les réserves.
Photo 24 : En été quand il fait très chaud, une grappe d'abeille devant l'entrée n'est rien d'inquiétant sauf si la température continue à monter au-delà de 36 °C.

D’autres ouvrières, les "ventileuses" sont arc-boutées sur la planche d’envol, la tête face à l’entrée de la ruche, le corps bien à plat et les ailes battant à tout-va. Le courant d’air ainsi produit permet d’évaporer l’eau apportée par les « climatiseuses » et fait baisser la température dans le corps de ruche. Le même phénomène est observé lorsque les abeilles cherchent à diminuer l’hygrométrie du miel, juste avant l’operculation et puis le stockage. 

 

Photo 25 : En été, lorsque la température extérieure est élevée, les « climatiseuses » font baisser la température dans le corps de ruche.

 

  Cette thermorégulation ne doit pas être confondue avec les abeilles battant le « rappel » après l’« enruchement » d’un essaim récupéré ou lors du vol d'orientation.
Photo 26 : La phéromone Nasonov est libérée par les abeilles ouvrières pour orienter les abeilles butineuses qui reviennent vers la colonie. Pour diffuser cette odeur, les abeilles lèvent leur abdomen, qui contient les glandes Nasonov, et battent vigoureusement leurs ailes.

Les abeilles sont massées devant l’entrée, tête vers la ruche, ailes battantes, mais l’extrémité de leur abdomen est pointée vers le haut et on aperçoit une déhiscence du dernier segment abdominal permettant la dissémination de la phéromone de traçage produite par la glande de Nasonov (► Phéromones royales).

4. En automne

En automne, les colonies se préparent pour l’hivernage. C’est une période de remaniement profond du comportement de la colonie. Les mâles sont devenus des bouches inutiles et les ouvrières les affament avant de les expulser hors de la ruche sans ménagement et sans état d’âme. 

 

  Si les mâles sont expulsés, c’est le signe qu’une reine se trouve dans la ruche. C’est le moment idéal pour changer la reine si elle est âgée de plus de 3 ans.
Photo 27 & 28 : Expulsion des faux bourdons. Chaque colonie possédant une reine expulse ses faux bourdons en aout. Quelque temps auparavant, les abeilles cessent de nourrir ces bouches inutiles afin de les affaiblir.

Après une nuit plus froide que les autres, on peut observer le matin, des larves ou des nymphes blanches sur la planche d’envol. Pour les mêmes raisons déjà évoquées au printemps, le couvain mort de froid est éliminé et expulsé hors de la ruche par les nettoyeuses.

L’observation de la planche d’envol permet parfois de repérer des ouvrières incapables de voler, dont les ailes sont déformées et atrophiées. Ces abeilles ont été victimes pendant leur nymphose du virus DWV véhiculé par le varroa. C’est un signe d’alarme redouté car la pression de la varroase risque de provoquer l’effondrement de la colonie avant même l’arrivée de l’hiver. Un contrôle des chutes naturelles sur le tiroir et un traitement s’impose si les chutes dépassent 5/jour  (► La maladie des ailes déformées) !

Photo 29 : Le virus des ailes déformées ou DWV (Deformed wing virus) est un virus à ARN qui affecte les abeilles domestiques. Les sujets touchés par ce virus présentent comme symptôme des ailes complètement rétrécies empêchant l'abeille de voler. (Source: KnackBockBlog | Seite 14 , wordpress.com) (► La Résistance à Varroa).

En automne, la colonie a un objectif prioritaire : stocker des réserves de nourriture pour passer l’hiver. L’observation d’une activité chaotique avec de la bagarre devant l’entrée d’une ruche, avec des amas d’abeilles sous le tiroir, au niveau des interstices du chapiteau ou du nourrisseur, la présence d’abeilles noires et dépourvues de poils (elles les ont perdus dans le pugilat), de dépôts granuleux et collants devant l’entrée et sur la grille métallique permet sans hésiter de reconnaître un pillage. Parfois le pillage est effectué par des guêpes : le spectacle est très discret mais le va et vient incessant de ces hyménoptères, proches cousines, puise largement dans les réserves de la colonie sans vraiment déclencher de défense de la part des gardiennes. Le facteur favorisant, c’est la présence ou l’odeur de miel ou de sirop au rucher. Attention lors du nourrissement avec le sirop concentré et encore pire avec le sirop 50% : la moindre goutte tombée au sol attire les butineuses et la folie s’empare bientôt de tout le rucher. Pour éviter une agitation au rucher, nourrir de préférence le soir, lorsque les butineuses sont à l’intérieur de la ruche. Dans le même ordre d’idée, faire lécher les cadres de hausse après l’extraction est périlleux.

 

Qui dit pillage dit pilleuses et pillées. Une ruche faible, dont les gardiennes ne peuvent défendre efficacement leur entrée sera la proie d’une colonie forte qui s’empare de son stock de nourriture… mais également des probables nombreux varroas qui profitent du déclin immunitaire pour se multiplier et véhiculer leur lot de virus ! Le pillage est donc à double tranchant. Le seul véritable bénéficiaire est le varroa phorétique qui peut changer de toit et se propager à tout le rucher malgré les 2 traitements d’été ! Une ruche pillée doit donc être fermée et déplacée à distance du rucher pour éviter d’attiser la fièvre du pillage et la transmission de maladies. La survie de cette colonie est incertaine déjà avant la mise en hivernage. Il faut se rappeler que le pillage d’une colonie n’est pas une maladie en soi mais la conséquence d’un effondrement progressif d’une colonie qui périclite pour x raisons.

Depuis quelques années, certains apiculteurs s’inquiètent de voir leurs ruches plus régulièrement et plus fortement attaquées par le Frelon asiatique. En vol stationnaire à une vingtaine de centimètres de l’entrée de la ruche, une ouvrière de Vespa velutina nigrithorax succède régulièrement à une autre pour capturer les butineuses qui reviennent à la ruche, chargées de pollen. Le frelon fonce sur sa proie, la saisit entre ses pattes et la tue d’un coup de mandibules derrière la tête avant de l’emporter dans un arbre pour la dépecer.

Photo 30 - 32 : Le danger de pillage est encore bien plus grand en août qu'en avril. De nombreuses butineuses essayent de rapporter de cette façon de la nourriture avant de mourir. Il faut rétrécir à temps le trou de vol. Les pillardes sont d'une ténacité étonnante. Le  pillage par des guêpes est moins spectaculaire mais efficace (► Le frelon asiatique arrive en Suisse).
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Anecdote : un jour de grande miellée, un trafic intense règne entre les planches d'envol de deux colonies voisines; il s'effectue le long des façades, mais peut aussi emprunter des voies plus détournées. C'est un indice d'u pillage latent. Une colonie en pille une autre de la façon la plus civile. Un écran placé entre les ruches est le plus souvent franchi ou contourné. Les pillardes pénètrent même dans la ruche. Ce pillage latent explique parfois des récoltes anormalement élevées.

Conclusion :

Chaque saison permet à l’apiculteur curieux d’observer des scènes qu’il faut interpréter correctement pour deviner ce qu'il se passe à l’intérieur de la ruche. En couplant ces observations au trou de vol avec la lecture du tiroir (► Les secrets passionnants de la lecture des déchets), véritable miroir de la vie par-dessous les cadres, on peut affiner ses hypothèses. Si le couvre-cadres est en PVC transparent (plexiglass), l’observation de l’activité par-dessus de la colonie permet de se faire une idée rapide du développement de la colonie. Le must reste la ruche connectée (► Observations en temps

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