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Les secrets passionnants de la lecture des déchets

Trop souvent le tiroir ne sert qu’à repérer la présence plus ou moins abondante de chutes naturelles de varroas morts. Pourtant le tiroir est le miroir de la vie de la colonie juste au-dessus… Si l’apiculteur se donne la peine de l’examiner régulièrement, les éléments, déchets, débris et autres résidus observés livrent de précieuses informations sur la dynamique et la santé des colonies. L’examen du tiroir doit toujours être corrélé avec le calendrier apicole : l'interprétation d'un tiroir examiné en été sera très différent du même tiroir ouvert à Noël.

La visite des ruches pendant l’hivernage n’est pas souhaitable, même par une belle journée ensoleillée. La colonie, qui forme une grappe pour minimiser les pertes de température et optimiser sa consommation de nourriture, ne doit pas être dérangée.

En cas de dérangement, la grappe a tendance à se dissocier. L’augmentation du volume de cette grappe s’associe à une augmentation de sa surface, donc de la déperdition de chaleur et à une augmentation des échanges d’oxygène avec le cœur de la grappe qui engendre une augmentation de la production de chaleur et de la consommation de combustible. L’ouverture de la ruche refroidirait inutilement la colonie et détruirait les ponts de propolis qui assurent une bonne étanchéité contre les courants d’air.

L’observation au trou de vol n’apportera que peu d’informations, car les abeilles ne volent que peu en dessous de 8-10°C. La planche d’envol permet parfois de retrouver un peu d’eau de condensation qui rassure l’apiculteur : ce phénomène physique permet d’affirmer que de l’air chaud et humide (produit par la colonie) entre en contact avec de l’air froid (présent dans la ruche ou proche de la grille d’entrée) ou un solide froid, par exemple la paroi de la ruche ou le couvre-cadres.

L’estimation du poids des réserves en soupesant l’arrière de la ruche est pour le moins subjective et ne permet souvent pas de certifier que tout va bien dans la ruche…

Il nous reste donc l’examen du tiroir. Ce dispositif amovible, situé sous le fond grillagé du corps de la ruche, récupère les déchets produits par la colonie. Ceux-ci traversent la grille du plancher grâce aux allées et venues des ouvrières et tombent sur un lange huilé ou non en formant des dépôts parallèles aux cadres, parfois interrompus par des traverses du plancher de la ruche.

Le tiroir est examiné après avoir été placé sous la colonie pendant 48 -72 heures. Trop souvent le tiroir ne sert qu’à repérer la présence plus ou moins abondante de chutes naturelles de varroas morts. Pourtant le tiroir est le miroir de la vie de la colonie juste au-dessus… Si l’apiculteur se donne la peine de l’examiner régulièrement, les éléments, déchets, débris et autres résidus observés livrent de précieuses informations concernant ce qui se passe entre les cadres du corps de ruche, où se loge la colonie. L’examen du tiroir doit toujours être corrélé avec le calendrier apicole : un tiroir examiné en été sera très différent du même tiroir ouvert à Noël.

 

1. Force et position de la colonie

La visualisation d’andins correspond aux chutes de débris à partir des ruelles entre les cadres. Ces andins permettent de situer la position de la colonie et sa force. Pendant l’hiver la grappe se place volontiers proche de la paroi de la ruche qui est chauffée par l’ensoleillement, donc souvent le sud. Le comptage des andins permet de déterminer le nombre de cadres entre lesquels la colonie se regroupe, donc la taille approximative de cette grappe.

Photo 1 : Les andins permettent de situer la position de la colonie et sa force. Une colonie forte compte au
minimum 4-5 cadres occupés.

Les bandes de déchets indiquent le volume et la position de la grappe hivernale. Le couvain s’étend à l’approche du printemps. Dès lors, si le développement de la colonie stagne, voire régresse, l’apiculteur examinera attentivement le couvain à la recherche d’une cause claire. L’examen de la reine est également indispensable pour vérifier son âge (déclin de la ponte), ou son éventuel remérage suivi d’une fécondation incomplète, voire absente (reine vierge).

  • Aucune mesure à prendre
  • Si la colonie reste à peu près de même taille ou qu’elle rapetisse, cela peut indiquer un problème de couvain ou de reine.
     

2. Activité des ouvrières

L'observation plus précise des déchets présents dans les andins nous donne des renseignements précieux quant à l’activité des ouvrières. Des débris brun foncé correspondent à la désoperculation des réserves de miel : la colonie consomme du carburant pour que le cœur de la grappe puisse chauffer la reine, l’éventuel couvain très peu développé et les couches périphériques du manteau de la grappe dont la température ne doit pas descendre en dessous de 6°C. On se rappelle qu’en dessous de 6°C, les abeilles sont engourdies et finissent par mourir de froid.

 

Début mars, bâtisse chaude (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 2 :  Les débris brun foncé (plus anciens) et les débris brun clair (plus récents) correspondent à la désoperculation des réserves de miel.

Photo 3 : Miettes blanches : Les abeilles entament la réserve hivernale. Du sucre cristallisé, que la colonie n’a pas pu consommer en raison du manque d’eau, tombe sur le plateau.

  • Pas d’intervention tant que les abeilles peuvent piocher dans la réserve.
  • Lorsque le froid s’installe, vérifier que les abeilles peuvent accéder à la réserve. Si ce n’est pas le cas, ajouter un cadre de nourriture complet à proximité de la grappe hivernale.

3. Plancher difficile à interpréter

Ce plancher est difficile à interpréter, car il a été posé pendant plusieurs jours, voire semaines. Les dépôts de déchets sont trop épais pour pouvoir en tirer des indices fiables quant à la santé de la colonie. Les andins brun sombre du centre correspondent à la désoperculation de vieilles réserves operculées. Les andins de couleur plus claire correspondent à la désoperculation de réserves plus récentes. On peut penser que la colonie a changé de place en fonction de la position des réserves, car il est improbable qu’elle occupe 10 cadres complets (11 andins)… Un peu de moisissure sur le fond de la photo témoigne de la condensation au-dessus de la grille du trou de vol.

Photo 4 : Un tiroir qui n'est pas renouvelé régulièrement est difficile à interpréter. Règle : laisser le tiroir max. 1 - 5 jours

Photo 5&6 : Miettes claires de cire : ouverture de nourriture operculée (nouveaux rayons)

  • Aucune mesure à prendre

Miettes brunes de cire : colonie en train de produire du couvain

  • Aucune mesure à prendre
  • Lors du contrôle de printemps, retirer les anciens cadres foncés

4. Le type de nourriture

Les petits cristaux translucides, évoquant du sucre cristallisé et à la saveur sucrée si on les dépose sur la langue, proviennent de la consommation du sirop/candi.

Les microcristaux blancs (image en bas) ressemblant à de la farine, sans saveur sucrée, correspondent à la consommation du mélézitose ou éventuellement d’un autre sucre très cristallisé qui demande beaucoup d’énergie pour sa dissolution (miel béton, par exemple miel de lierre).

(Photo : S. Imboden, 30 décembre)

Photos 7, 8, 8b (S. Imboden, 22 décembre) : Il est possible de déterminer le type de sucre :

  • en haut : sucre cristallisé (sirop/candi)
  • en bas : mélézitose

 

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

5. Sirop, candi ou nectar

Une gouttelette ovaloïde translucide correspond à du nectar non encore transformé en miel et donc non operculé. Ces gouttelettes peuvent aussi correspondre à du sirop de nourrissement ou du candi. Il ne faut pas les confondre avec de l’eau de condensation qui forme des flaques plus ou moins étendues (voir tiroir no 10).

Fin décembre (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 9 : Une gouttelette ovaloïde translucide correspond à du nectar non encore transformé en miel, du sirop de nourrissement ou du candi.

6. Activité des abeilles cirières

La découverte de fragments de cire translucide signe l’activité des abeilles cirières. La construction de rayons est donc en cours et le volume de la colonie se développe progressivement. La cire se colore progressivement en beige, en jaune pâle puis en brun de plus en plus sombre lorsque les ouvrières maçonnes y incorporent des solvants salivaires, du pollen et d’autres composants d'hydrocarbures. On se rappelle que la production des glandes cirières varie suivant l’âge de l’ouvrière. A compter du 12e jour après la naissance, la production cirière est maximale. Elle commence à décroître à partir du 18e ou 19e jour de vie de l’ouvrière, mais reste possible jusqu’en fin de vie de l’abeille si le besoin se fait sentir, par exemple à la reprise de la ponte, au printemps, lorsqu’il faut operculer les larves de 6 jours.

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 10&11 : A ne pas confondre les cristaux de sucre (voir photo 7) avec les cristaux de cire (cercles rouge).
Excréments de la fausse teigne (cercles bleus)

Photos 12, 13 & 13a : Les abeilles veulent construire. Au printemps, c’est un signe que la colonie se développe.

  • Laisser construire les cadres de cire gaufrée
(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

7. Pollen source de protéine

Le pollen, auquel sont ajoutés du nectar, des sécrétions glandulaires et des bactéries lactiques par les abeilles, subit une fermentation pour former le pain d’abeilles. La composition du pain d’abeilles est globalement proche de celle du pollen frais, mais celui-ci contient plus de composés indispensables, de bactéries, d’enzymes et de moisissures (Guilliam, 1997). Sa valeur biologique est ainsi supérieure.

Le pain d’abeilles apporte les protéines, les acides aminés, les fibres, les lipides, les vitamines et minéraux à la colonie. Il va ainsi permettre d’équilibrer le régime alimentaire des abeilles afin de leur éviter des carences (en particulier en vitamines et minéraux). Une colonie consomme entre 12 et 40 kg de pollen par an. L’aspect qualitatif des pollens est très important dans la mesure où c’est la diversité des protéines apportées à la ruche qui est déterminante. 

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

Photo 14 : Du pollen sur la planche évoque que la reine est en ponte

Photo 15 : La colonie a déjà produit beaucoup de couvain et stocke du pollen.

  • Aucune mesure à prendre.

8. Eau de condensation

Lorsque la colonie consomme les réserves de miel et transforme le glucose/fructose en énergie, les réactions chimiques consomment de l’oxygène (O²) et produisent du gaz carbonique (CO²) et de l’eau. La condensation de cette eau forme des gouttes plus ou moins étendues se mêlant aux débris sur le tiroir. L’eau de condensation permet de confirmer que la colonie produit de la chaleur, soit pour elle-même (grappe) soit pour élever du couvain. Si en plus, l’observation du trou de vol révèle des apports de pollen et que les porteuses d’eau sont au taquet, un élevage de couvain est très probablement en cours.

(Photo : S. Imboden)

Photo 16 : Quand les nuits sont encore froides, l'eau de condensation indique que l'élevage de couvain est très probablement en cours.

Photo 17 : La colonie entretient probablement le couvain et a besoin d’env. 1 kg de nourriture par semaine.

  • Contrôler nourriture. Si insuffisante, poser un cadre de nourriture rempli près du nid à couvain.

9. Pénurie de nourriture, couvain refroidit ou fausse teigne

Des exuvies de larves enroulées ou morceaux de pupes indiquent qu'il y a pénurie de nourriture (cannibalisme) ou la surface du couvain est trop grande par rapport au nombre de nourrices (le couvain se refroidit). Des maladies ou la fausse teigne pourraient aussi être l'origine de ces larves ou pupes.

  • Contrôler immédiatement s’il y a assez de nourriture au sein de la colonie. Si ce n’est pas le cas, poser un cadre plein de nourriture près du nid à couvain.
  • Resserrer la colonie si le couvain est refroidit.

  

Photos 18, 19 : Attention aux signes de pénurie de nourriture

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

10. La propolis

Les gouttelettes colorées jaune ocre-vert-brunes évoquent des gouttes de propolis utilisées pour colmater les fissures/ouvertures de la ruche. Ce matériau complexe est fabriqué par les abeilles à partir de certaines résines végétales provenant de conifères, mais également des bourgeons de plusieurs espèces d'aulnes, de saules, de bouleaux, de pruniers, de frênes, de chênes et d'ormes, de peupliers (qui semblent être la source la plus importante) et de marronniers. Après sa récolte, les abeilles y incorporent de la cire et des enzymes salivaires. La propolis est également utilisée par la colonie pour embaumer un intrus mis à mort (musaraigne/sphinx…) et maintenir une hygiène parfaite grâce à ses propriétés antiseptiques.

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 20 : La propolis est un matériel complexe qui est fabriqué par les abeilles à partir de certaines résines végétales. A ne pas confondre avec les excréments d'abeilles ci-dessous

11. Les excréments des abeilles

Si le tiroir révèle une ou deux taches ovoïdes, inhomogènes, de couleur brunâtre, il peut s’agir d’une déjection d’une abeille qui aura eu de la peine à faire son vol de propreté à cause de conditions météo défavorables. En revanche, si le plateau est maculé de déjections l’apiculteur va évoquer une nosémose, maladie parasitaire de l'abeille due à un parasite de la classe des fongidés (autrefois il était classé dans les Protozoaires). Cette pathologie touche les trois castes d'abeilles et est due à la prolifération dans les cellules intestinales de Nosema apis ou Nosema ceranae. Le parasite peut être présent sous forme non pathogène dans la colonie (atteinte asymptomatique), ou devenir pathogène (maladie) sous l'influence essentiellement de causes favorisantes comme l’humidité, la claustration, l’élevage sur du mélézitose...

Le cycle est complexe et varie selon les conditions du milieu. Le parasite peut se trouver sous deux formes qui correspondent aux deux principales phases de son cycle :

  • Stade de morphologie amiboïde : phase végétative et reproductrice du parasite par division cellulaire, dans les cellules intestinales de l'abeille.
  • Stade de spore : phase passive et de résistance, mais aussi de dissémination.

Lorsqu'elles sont ingérées par l’abeille (alimentation, nettoyage), les spores vont germer dans l'intestin moyen où l'environnement leur est favorable. Puis elles pénètrent dans les cellules de la paroi grâce à un filament polaire qui permet la migration du matériel infestant (sporoplasme) dans la cellule épithéliale. Nosema sp. se multiplie et croît. Au terme de ce développement, la cellule infectée dégénère et est généralement détruite, ce qui permet la libération de grandes quantités de spores qui vont réinfecter d’autres cellules ou qui seront évacuées avec les déjections, devenant ainsi une source de contamination importante dans l'environnement de la ruche.

Les spores peuvent résister 5 à 6 semaines dans les cadavres d'abeilles, un an et plus dans les excréments et 2 à 4 mois dans le miel.

(Photo : Stadtbinen.org)

Photo 21 : Si le plateau est maculé de déjections l’apiculteur va évoquer une nosémose, maladie parasitaire de l'abeille

 

Photo 22&23 : Les excréments d'abeille (jaune-brun) peuvent être un signe de maladie ou de stress (p.ex. traitement contre les varroa). La diarrhée des abeilles est la plupart du temps causée par la dysenterie ou le Nosema.

La dysenterie est une affection intestinale non contagieuse qui apparaît surtout en hiver. Des problèmes dus à l’hivernage sont la cause de cette diarrhée. Elle est notamment déclenchée par des réserves de miel de forêt ou par un stress, tel que manque d’air ou perturbation du repos hivernal. La dysenterie causée par des amibes est contagieuse.

Le Nosema est une maladie fongique qui peut apparaître sous l’effet de deux différents agents pathogènes : Nosema apis et Nosema ceranae. De nouvelles spores sont transmises par les excréments.

  • En cas de légère infestation, la meilleure solution est la formation d’un essaim artificiel placé dans une ruche propre sur cadres de cire gaufrée.
  • En cas de forte infestation, l’élimination de la colonie et des cadres est la meilleure solution.

12. Des œufs

Lorsque quelques œufs sont visibles sur le tiroir, la reine est en ponte. Habituellement un œuf pondu au fond d’un alvéole ne se retrouve pas sur le tiroir. La présence de nombreux œufs pourrait évoquer une ponte bourdonneuse (plusieurs œufs par alvéole, dont certains sont déplacés par les ouvrières), éventuellement un cannibalisme du couvain ouvert après un coup de froid... Lors de la reprise de la ponte, il faut suivre les réserves de près pour être certain que le combustible ne manque pas. Lors d’un éventuel retour de froid, le couvain fermé n’est habituellement pas abandonné et les abeilles chauffeuses feront tout leur possible pour maintenir une température de l’ordre et 34-37°C pour la survie de ce couvain particulièrement sensible.

  (Photo : S. Imboden, 20 novembre)

Photo 24 : Lorsque quelques œufs sont visibles sur le tiroir, la reine est en ponte.

Janvier (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 25 : La présence de nombreux œufs pourrait évoquer une ponte bourdonneuse (plusieurs œufs par alvéoles, parfois sortis par des ouvrières nettoyeuses), éventuellement un cannibalisme du couvain ouvert après un coup de froid...

Une colonie bourdonneuse n'a plus d'avenir. Elle ne peut élever plus que des mâles, soit parce que sa reine a perdu la capacité à féconder les œufs qu'elle pond, soit parce qu'il n'y a plus de reine du tout, et que des ouvrières pondeuses ont pris le relais.

  • Secouer les abeilles à env. 50m de la ruche

13. Les fragments d'opercules

Des fragments d’opercules, ressemblant à des cupules jaunes/beiges, sont détectés lorsque le couvain commence à émerger. On peut en déduire que la reine est en ponte depuis plus de 3 semaines. Les observateurs aguerris feront la différence entre les opercules du couvain d’ouvrière (plus petits) et ceux du couvain de mâles ( plus grands).

Fin novembre (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 26 : Des fragments d’opercules, sont détectés lorsque le couvain commence à émerger.
On peut en déduire que la reine est en ponte depuis plus de 3 semaines.

Printemps;  Photo : http://apiruche.over-blog.com/

Photo 27 : Beaucoup de grands fragments d'opercules au printemps peuvent signaler que les mâles sont massivement en train de naître et d'ici deux semaines ils seront sexuellement mûrs. Ce sera donc le début des essaimages. Mais cela peut aussi signaler que la colonie est bourdonneuse.
Une colonie bourdonneuse n'a plus d'avenir.

  • Secouer les abeilles à env. 50m de la ruche

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

Photo 27a : Même fin novembre on peut trouver des fragments d'opercules (coin droite)

14. Débris d’opercules de couvain et d'alvéoles de nourriture

L’observation de déchets évoquant de la chapelure grossière correspond à des débris d’opercules de couvain que les abeilles émergentes découpent avec leurs mandibules. Les déchets ressemblant à de la chapelure plus fine proviennent de la désoperculation des alvéoles des réserves de nourriture par les abeilles magasinières.

 (Photo : S. Imboden, 20 novembre)

Photo 28 : Des débris d'opercules grossiers indiquent l’émergence de jeunes abeilles. Les débris plus fins proviennent des alvéoles des réserves de nourriture.

 (Photo : S. Imboden, 30 décembre)

Photo 29 : Débris d'opercules du couvain et/ou des alvéoles des réserves de nourriture.

15. Couvain calcifié

Le couvain calcifié est une maladie fongique qui affecte le couvain d’ouvrières et de mâles. Le tiroir peut également être chargé de fragments de larves momifiées. L'ascosphérose, également appelée « couvain plâtré ou calcifié », est une infection des larves de l'abeille mellifère par le champignon Ascosphaera apis. Celui-ci entre dans son hôte par ingestion de spores, puis se développe dans l'intestin avant d'atteindre la peau de la larve qu'il tapisse d'un duvet blanc et qui finit par se dessécher en donnant un aspect de momie et par s’effriter avec la consistance de la craie, la larve restant blanche ou virant au noir en cas de sporulation. La maladie apparaît principalement dans des colonies faibles ; elle est favorisée par de fortes chutes de température et un taux d’humidité élevé. Elle peut affecter des colonies individuelles ou, dans le cas de mauvaises conditions météo (froid, humidité) des ruchers entiers sous forme d’épidémie. Un emplacement régulièrement et massivement atteint de couvain calcifié est considéré comme inadéquat ; les ruches devraient par conséquent être déplacées dans un endroit plus ensoleillé. Une forte infestation peut tuer les colonies.

Début mars (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 30 :  Le matin tôt, des momies gisent sur le fond de la ruche et la planche de vol, le plus fréquemment au printemps en raison des retours du froid et d’un mauvais apport nutritionnel. Du fait de la température, les cadres situés en périphérie sont souvent les plus atteints.

Photo 31&32 : Les momies se décolorent en fonction de l’évolution du champignon. D’abord blanches, elles deviennent grises, puis noires quand les filaments forment les sporophores. En cas de forte infestation :

  • Mettre la colonie en ruche sur cire gaufrée, dans une ruche propre (fondre tous les anciens cadres)
  • Changer la reine (meilleur instinct de nettoyage)
  • Soufrer les colonies faibles, fondre tous les cadres
  • Trouver un meilleur emplacement

16. Intrus: Varroa destructor

La présence d’un tel tapis de varroas morts sous la colonie est à corréler avec l’éventuel traitement avec AF ou AO que l’apiculteur vient d’administrer… Si cette chute est « naturelle » (avec un délai de plus de 15 jours après un traitement), la colonie n’a que peu de chance de survie sauf si un traitement d’urgence par AO est effectué à court terme, après avoir entièrement retiré le couvain. 

Pour se reproduire, la femelle varroa fécondée se loge dans l’alvéole prête à être operculée. La fondatrice commence à pondre entre 60 et 70 heures après operculation, à raison d’un œuf toutes les 30 heures, d’abord un mâle puis les femelles. Après avoir atteint sa maturité sexuelle, le frère va féconder ses sœurs, également dès qu’elles seront matures sexuellement. La fondatrice pond ainsi jusqu’à 5 œufs dans du couvain d’ouvrières et jusqu’à 6 œufs dans du couvain de faux-bourdons. Lors de l’émergence de l’ouvrière parasitée, la fondatrice + 2-3 femelles varroas fécondées quittent l’alvéole. Lors de l’émergence du faux-bourdon parasité, la fondatrice + 4-5 femelles varroas fécondées quittent l’alvéole. Le mâle varroa, qui est de couleur beaucoup plus claire que la femelle, meurt après ses accouplements et ne sortira donc pas vivant de la cellule. Les femelles matures, mais non fécondées ne pourront pas engendrer de descendance.

25% des varroas se retrouvent dans les chutes naturelles immédiates après l’émergence de l’imago (formes immatures, non fécondées, épouillage, etc.). Une femelle varroa fécondée peut effectuer plusieurs cycles ; au cours de sa vie, une femelle varroa fécondée donnera naissance à en moyenne 2-6 varroas femelles fécondées. En conditions optimales (absence d’effondrement/blocage de ponte/essaimage), la population des varroas double tous les 20-30 jours.

Le varroa adulte a la forme d’une petite cupule ovoïde, rouge orangé, brillante au niveau dorsal et mate au niveau ventral. En regardant bien, on distingue ses pattes qui dépassent souvent le bord de sa carapace. L’examen attentif du tiroir permet de repérer des formes immatures plus claires, voire blanchâtres, correspondant à des acariens sexuellement immatures, donc non fécondés et qui ne survivent pas à l’émergence de la jeune abeille.

Photo : S. Imboden, 22 décembre, 3 jours après le traitement à acide oxalique

Photo 33 : 25% des varroas se retrouvent dans les chutes naturelles immédiates après l’émergence de l’imago.

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

Photo 34 : Valeurs limites de la chute naturelle du varroa et actions appropriées :

  • Fin mai : si plus de 3 acariens par jour, effectuer un traitement d’urgence.
  • Fin juin/début juillet : si plus de 10 acariens par jour, effectuer un traitement d’urgence ou commencer immédiatement le 1 er traitement estival.
  • Fin octobre/début novembre : si plus de 5 acariens par jour, effectuer immédiatement un traitement complémentaire à l’acide oxalique.
  • Reste de la saison apicole : si plus de 10 acariens par jour, agir immédiatement.

17. Intrus: Souris

La présence de nombreux débris de pattes/ailes d’abeilles et de fragments d’excréments noirâtres, un peu allongés, mais sans stries, fait suspecter la présence d’une souris qui a élu domicile au fond de la ruche pour passer l’hiver au chaud. Elle y bâtit son nid et on retrouve des débris grossiers de bois/paille sur le tiroir…

Mai (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 35 : La présence de nombreux débris de pattes/ailes d’abeilles et de fragments d’excréments noirâtres, un peu allongés, mais sans stries, fait suspecter la présence d’une souris.

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 36 : Les excréments de souris peuvent aussi avoir un aspect plus clair.

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 37 : Les bandes de déchets indiquent l’importance et le lieu du siège hivernal. Le couvain s’étend à l’approche du printemps.

  • Si la colonie est dérangée, éloigner la souris

Photo 38 : La musaraigne est très petite et peut entrer dans de petites ouvertures.

18. Intrus: Fausse teigne

La découverte de déchets de couleur noire, plus ou moins rectangulaires et striés, provient de la larve de la fausse teigne. Si le papillon adulte ne se nourrit pas, il en va tout autrement de la chenille dont la voracité interpelle le biologiste. Grâce à ses mandibules acérées, la larve dévore tout ce qu’elle trouve sur son passage : résidus au fond des alvéoles de couvain, pollen, cire, miel, larves, bois, polystyrène des ruchettes de fécondation…

La rapide croissance de la chenille lui permet d’atteindre une taille de plusieurs cm, en doublant son poids chaque jour pendant les 10 premiers jours après l’éclosion !

Cette incroyable vitesse de croissance explique que la fausse teigne peut anéantir en 10 à 15 jours l’ensemble des rayons d’une ruche affaiblie.      

  Janvier

Photos 39, 39a, 39b : Une infestation de fausses teignes est aisément identifiable grâce aux déjections noires que l’on retrouve sur le tiroir.

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

 

(Photo : S. Imboden, 20 novembre)

 

   (Photo : Wolfhard  S. Hüsken)
Photo 40 : Ne pas confondre les déchets cellulaires (en haut) et les excréments de la fausse teigne (en bas).

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 42 : Excréments de la fausse teigne (en bas) et excrémements de la souris (musaraigne) (en haut)

Photo 41 : En outre, l’observation de plusieurs alvéoles désoperculés, ceints d’un bourrelet (couvain chauve) et/ou accolés linéairement (couvain tubulaire), indique la présence d’une galerie creusée en profondeur par la fausse-teigne.

Congeler à -18°C les rayons de nourriture durant deux jours, puis les stocker dans des caisses fermant hermétiquement

Fondre ou détruire immédiatement les rayons avec présence de soie

L’acide acétique à 60-80% tue tout particulièrement les œufs et le papillon de la fausse teigne

19. Hôtes : Pseudoscorpions (Ellingsenius indicus)

Une observation attentive du tiroir permet parfois de découvrir des hôtes inhabituels de la ruche. Des biologistes ont découvert, en 1930, la présence de petits arthropodes vivant à l’intérieur des ruches et se nourrissant de déchets divers (abeilles mortes, couvain malade, larves de teigne, etc.). Les arthropodes sont des animaux invertébrés à exosquelette rigide (chitineux), dont le corps est segmenté et dont les membres ou appendices sont composés d’éléments articulés qui leur confèrent une grande liberté de mouvement. La carapace inextensible est régulièrement remplacée au cours de la croissance de l'animal par des mues successives.

Ellingsenius indicus est un de ces pseudoscorpions faisant partie des arachnides et possédant donc 4 paires de pattes. Il est pourvu d’une paire de pinces, mais n’a pas d’aiguillon et mesure environ 6-8 mm de long. Il vit en Asie et cohabite familièrement avec l’abeille locale Api cerana. Ellingsenius indicus est friand de varroa qu’il dévore en l’immobilisant avec ses pinces, plongeant ses mandibules (chélicères) sous la carapace de chitine et en suçant l’intérieur du corps de l’acarien après y avoir injecté un suc liquéfiant. Ce pseudoscorpion est totalement inoffensif pour l’abeille A. cerana qui accepte même de le transporter, fixé sur son thorax, d’un coin à l’autre de la ruche. Il participe au maintien d’un taux d’infestation bas en dévorant plusieurs dizaines de varroas par jour.

Photo 43 : Le pseudoscorpion est un hôte extrêmement rare. Il ne peut pas tenir le varroa en échec mais réjouissez-vous tout de même de sa présence.

Photo 44 : Ellingsenius indicus est friand de varroa qu’il dévore (4-6 varroa par jour) en l’immobilisant avec ses pinces.

  • Aucune mesure à prendre

20. Hôtes : Fourmis

Les fourmis sont très proches des abeilles non seulement dans la classification des insectes (ordre des hyménoptères) mais par bien des aspects de leur organisation sociale et de leur mode de communication. Elles bénéficient de la chaleur de la ruche, chapardent les résidus de substances sucrées (miel, nectar, gelée royale) ou se nourrissent des déchets et des cadavres de leurs cousines qui les tolèrent.

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photo 45 : Une colonie en pleine forme ne craint rien des fourmis.

  • Aucune mesure à prendre

21. Hôtes : Acariens du pollen

On peut parfois observer de minuscules organismes ovoïdes, beaucoup plus petits que les varroas, de couleur blanchâtre, arborant plusieurs pattes (8), et qui courent à grande vitesse sur le tiroir recouvert de débris de pollen/cire. Il s’agit d’acariens du pollen, totalement inoffensifs pour les abeilles et qui vivent dans les déchets de la colonie, tel de véritables éboueurs. La photo ci-dessous permet de comparer la taille de ces acariens par rapport au varroa cerclé de rouge, juste à côté de la boule de pollen. On aura remarqué au passage 2 varroas immatures de coloration beige, celui cerclé de bleu, qui présente sa face dorsale et l’autre, cerclé de jaune, sa face ventrale...

(Photo : Wolfhard  S. Hüsken)

Photos 46, 47 & 46a: Les acariens du pollen sont totalement inoffensifs pour les abeilles et qui vivent dans les déchets de la colonie.

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22. Pillage

La découverte de nombreux débris d’ailes, de pattes, etc. fait suspecter de pillage d’une colonie faible, malade et/ou orpheline, par l’intrusion d’un hôte indésirable dans la ruche (abeilles, guêpes, musaraigne...).

Autor
Claude Pfefferlé & Serge Imboden, www.ApiSion.ch
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